La promenade du Paillon (Nice, Fr)
- Thomas Boyer
- 21 déc. 2020
- 6 min de lecture
Dernière mise à jour : 30 oct. 2021

Figure 1 : Photographie de la promenade du Paillon à ses débuts (source : Google image)
I) Pourquoi la promenade du Paillon ? Quel contexte ? Quels enjeux ?
Imaginée et conçue par le paysagiste M. Pena, la promenade du Paillon recouvrant le fleuve dont elle porte le nom fut inaugurée par C. Estrosi et E. Ciotti le 26 octobre 2013, donnant à cette partie de la ville une toute nouvelle apparence avec de nouvelles opportunités et de nouveaux enjeux. Pour mieux comprendre la mise en place de cet espace il faut remonter avant la fin du XIXème siècle, à l’époque où le Paillon servait encore de chemin d’accès commercial à la ville de Nice, mais aussi auparavant encore de rempart. Prenant sa source à Lucéram, ce fleuve du long de ses 36 kilomètres est le coeur d’un bassin hydrologique important pour la ville de Nice, fournissant avec le Var la ressource en eau nécessaire à la population et à différentes activités vitales au territoire. Les deux rives du Paillon sont restées pendant longtemps, jusqu’au XIX ème siècle, soumises à un franchissement d’ordre purement naval. L’actuel Pont-Vieux, autrefois nommé Pont St-Antoine, est la première infrastructure servant d’axe de liaison des deux rives du fleuve. En 1820, la place Charles-Albert et la Place Masséna furent construites puis reliées en 1824 par le pont Neuf, bien que n’en faisant pas partie ces trois éléments font partie intégrante de l’environnement de l’actuellement nommée Coulée verte et participent à son rayonnement dans l’espace niçois. Le recouvrement du Paillon débutera en 1891, donnant de nouvelles possibilités foncières et permettant la construction de bâtiments, de commerces, de parkings et d’axes de circulation qui vont sans aucun doute améliorer l’urbanité des niçois à proximité et l’économie locale. En 2010, les travaux pour la mise en place de la Promenade du Paillon prirent enfin forme afin de livrer en 2013, une bande de verdure et d’eau de 12 hectares et 1,2 kilomètres de long qui est aujourd’hui composée de 1 600 arbres, 6 000 arbustes et 50 000 plantes vivaces provenant de divers pays, offrant d’agréables promenades aux visiteurs.

Figure 2 : La Promenade du Paillon et son environnement proche actuel (Source : OSM, 2020) Légende : https://alternativaslibres.org/fr/legend.php
Se localisant en plein cœur de la ville de Nice, cet espace de 50 mètres de large, et 1,2 kilomètres de long possède quatre nœuds cruciaux visibles sur la figure 2. En partant du Nord-Est au SudOuest, suivant l’axe de la promenade, le premier nœud est le Palais des Congrès plus connu sous le nom d’Acropolis, qui est un centre culturel important de la ville de Nice. Le second nœud est la célébrissime place Masséna, dont la réputation n’est plus à faire, avec son design italien s’inspirant notamment de la ville de Turin et charmant ses visiteurs grâce à la perspective urbaine qu’elle offre sans compter sa forte accessibilité. Le troisième nœud est le Jardin Albert 1er qui marque la fin de la Coulée verte offrant un instant de sérénité aux passants avant d’arriver sur le dernier nœud, la promenade des anglais, où des gens du monde entier se croisent. L’environnement de la Promenade du Paillon est tout autant voire plus riche que son contenu. En effet, du côté Est se trouvent le Vieux Nice avec ses rues étroites, ses œuvres (Palais de Justice, cathédrale Ste Réparate, palais des Ducs de Savoie, Opéra de Nice…) et ses couleurs chaudes, mais aussi l’avenue des Phocéens prolongée par le boulevard Jean Jaurès. Le côté Ouest lui aussi offre de belles œuvres comme le Lycée Massena, le musée de la ville de Nice, de grands hôtels plus récents comme Aston la Scala ainsi que des axes de transport comme l’avenue Félix Faure prolongée par l’avenue de Verdun.
La Promenade du Paillon s’inscrit donc aujourd’hui comme un modèle d’urbanité et de développement durable grâce à ses caractéristiques de conception comme des matériaux durables impactant le moins possible l’environnement, une biodiversité mêlant des essences à la fois exotiques, locales et intégrées et une concentration d’activités périphériques s’agrégeant à la Promenade et confortant son succès attractif.
II) Depuis son ouverture, quels ont été les impacts positifs et négatifs pour la ville de Nice ? Aujourd’hui, la commune de Nice poursuit-elle encore des initiatives environnementales ?
Comme en tout lieux et en tout temps, à chaque avantage un inconvénient, à chaque lumière sa part d’ombre. Pour démontrer cela, il faut d’abord commencer par l’illustrer via le tableau 1 qui mettra en lumière les inconvénients et avantages du site.
Tableau 1 : Avantages et inconvénients de la Promenade du Paillon sur le territoire niçois

Pour commencer, il faut parler de l’accessibilité, Nice étant de longue date une ville adaptée à la voiture connait actuellement une transition de plus en plus nette vers les transports en commun et encore timide vers les mobilités douces comme la marche et le cyclisme. La coulée verte est accessible de toutes part par le tramway, les pistes cyclables mais aussi les routes et c’est là que l’inconvénient intervient. En effet, la proximité pour ne pas dire l’encadrement de la promenade par des axes routiers vient automatiquement contredire la vision de poumon vert qu’elle représente dans l’imaginaire collectif. De plus, à ce niveau, la végétation est à double tranchant, en effet, l’évapotranspiration fait BOYER Thomas M1 GEOPRAD - Université de Nice Sophia Antipolis – 2020 2/11/2020 4 du site un îlot de fraîcheur mais les arbres retiennent aussi les polluants, ces derniers s’accumulant viennent impacter les passants à proximité.
La Coulée verte est aussi un lieu de transition, de rencontre, de partage et convivialité qui réunit chaque jour bon nombre de locaux et de touristes, tout cela leur permettant de se couper partiellement du paysage à dominante artificialisée de la ville. Malgré cela, des incivilités y prennent place comme partout dirait-on, mais dans un contexte aussi beau cela n’a pas lieu d’être. Néanmoins il faut reconnaitre que les autorités de la ville de Nice mettent les moyens avec un système de surveillance des plus performant du pays et des patrouilles régulières. L’équilibre règne donc entre la sécurité et l’insécurité mais rien n’est plus imprévisible qu’une incivilité notoire.
La Promenade du Paillon est tout d’abord en elle-même une œuvre d’art au vu de son exotisme, et du design de ses installations (structures de loisirs en bois faisant référence à des animaux, miroir d’eau…), mais elle met en valeur d’autres œuvres sublimes le lycée Masséna, la Fontaine du Soleil, la reproduction en bronze de David de Michel-Ange et le monument dédié à André Masséna.
Depuis sa création force est de constater une augmentation des activités commerciales et touristiques le long de la Promenade du Paillon. Cette augmentation a débouché sur une concentration des activités créant des disparités économiques et spatiales, et surtout de la gentrification. En effet le prix du foncier a bien augmenté, gentrifiant automatiquement le patrimoine immobilier à proximité et le niveau de vie. Les commerces et hôtels à l’arrière, ne bénéficient plus de la même clientèle qu’auparavant, les chiffres d’affaire ont donc réellement chuté pour ces entreprises depuis 2013.
L’exotisme des essences du site fait de ce dernier un milieu exceptionnel et magnifique, d’autant plus que l’entretien de cette biodiversité par les collectivités est très respectueux de l’environnement. Malgré cela, il faut y voir une réalité reconstruite de la flore locale qui diffère évidemment des essences greffées au paysage urbain répondant à une volonté de créer une atmosphère estivale et méditerranéenne toujours plus attractive et touristique. Cette volonté à un coût d’entretien élevé, les espèces n’étant pas pour certaines réellement adaptées mais tolérantes peuvent mourir et généralement ce sont des essences coûteuses. Mais aussi il faut se demander si la faune locale est adaptée à ces essences ? Est-ce un réel corridor écologique ?
Et enfin le point le plus important, le recouvrement du Paillon. La promenade du Paillon n’est en aucun cas à l’abri d’un aléa hydrologique intense qui pourrait avoir des conséquences graves sur la Promenade du Paillon et ses installations.
La ville de Nice souhait s’orienter vers une politique engagée en matière de développement durable et de protection de l’environnement. La Coulée Verte constitue un exemple marquant de cette volonté d’évoluer vers un monde plus durable. D’autres initiatives sont menées, par exemple au niveau des transports avec mise en location de vélo (Vélo Bleue) et d’un réseau de partage de voitures électriques (Auto Bleue). Des campagnes de sensibilisation sont également menées pour impliquer les citoyens, et la gestion des déchets s’est remodelée pour mieux trier. Enfin, dans la plaine du Var, se développe le projet de Nice éco-vallée, qui comporte notamment Grand Arénas qui sera un quartier d’affaires international, et Nice Méridia qui sera la technopole urbaine de l’éco-vallée. S’intégrant dans le cadre de l’Opération d’intérêt National Eco-Vallée, ce nouvel écoquartier va combiner des bâtiments certifiés Haute Qualité Environnementale, des espaces verts et des zones interdites aux véhicules thermiques. Le projet d’éco-vallée de Nice Côte d’Azur se définit donc comme un lieu de vie d’emploi, durable économiquement et respectueux de l’environnement.
III) Rechercher s’il existe d’autres lieux en France ou ailleurs dans le monde comme celui-ci?
Dans la ville de Nantes, pendant la grande période de comblement des bras de la Loire à Nantes, au début du XXème siècle, l'Erdre a subi des modifications. Ainsi, ses 500 derniers mètres ont été comblés et sont devenus l'un des axes principaux de Nantes, le cours des 50-Otages. L'Erdre a été déviée et passe donc aujourd'hui par le tunnel Saint-Félix sous le cours Saint-Pierre-et-SaintAndré, ainsi que la place Duchesse-Anne, avant de se jeter dans la Loire par l'intermédiaire du canal Saint-Félix.
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